Artisans du bâtiment : le surinvestissement au travail, facteur de mal-être au quotidien

Classé dans la catégorie : Risques pour l'Homme au travail

Baromètre ARTI Santé BTP (2e édition) : 53% des artisans souvent stressés, 43% des artisans ont un suivi médical irrégulier voire inexistant.

La CAPEB, la CNATP, et le pôle d’innovation IRIS-ST dévoilent aujourd’hui le 2e baromètre ARTI Santé BTP, enquête nationale dédiée à l’analyse de la santé des artisans du BTP. Cette nouvelle édition conforte l’enseignement marquant de l’édition précédente (2014) quant à la fragilité de l’état de santé physique et psychologique des artisans du BTP. Un pessimisme accru dans ce nouveau baromètre, face à la hausse des affections physiques et psychologiques. L’intensité du travail, la pression qui repose sur les chefs d’entreprise artisanales du BTP – de 0 à 20 salariés - combiné à une conjoncture économique toujours très mauvaise, malgré une relative accalmie attendue pour 2016*, expliquent cet état des lieux peu réjouissant.

Monitorer l’état de santé physique et psychique des artisans du BTP

La nouvelle édition du baromètre ARTI Santé BTP, portant sur l’année 2015, conforte les enseignements de la première édition (2014). La fragilité de l’état de santé psychique et psychologique des artisans du BTP s’exprime à travers de nombreux indicateurs : en moyenne, 1 sur 2 (53%) se considère ainsi comme fatigué ou souvent à très souvent victime de stress.

Une bonne santé apparente mais qui recouvre en réalité une variété de maux

Malgré une très légère baisse en 2015 (78% contre 80% en 2014), les artisans se perçoivent globalement en bonne santé. Un masque de solidité que contredit une réalité de maux variés.

La plupart des artisans souffrent ainsi de douleurs musculaires (79%), tandis que près d’un sur deux accusent une fatigue importante et des troubles du sommeil (43%). D’autres indicateurs, plus marginaux (affectant moins d’un artisan sur quatre) complètent ce tableau peu réjouissant : il s’agit notamment de troubles émotionnels (24%), de problèmes de vue (23%) ou encore d’audition (16%).

Dépression et burn-out : quand le mal-être au travail prend le dessus

Qu’il s’agisse de surcharge de travail, de stress chronique, d’incertitude sur l’avenir ou encore de solitude dans la prise de responsabilité, le « surinvestissement » est tel que le chef d’entreprise artisanal du BTP se retrouve parfois dans un état d’épuisement physique et mental. Le manque de suivi médical – irrégulier voire inexistant pour 43% des artisans du BTP – ou encore le sentiment d’isolement (39%) n’arrangent rien. Le corps dit « stop » et c’est le « burn out » (ou épuisement professionnel), avec le risque de maladies dépressives : 7% déclarent avoir fait un burn out, tandis que 28% pensent en avoir fait un.

Facteurs explicatifs

Bien qu’ils bénéficient de facteurs « protecteurs » du stress (passion du métier, forte autonomie, soutien et reconnaissance sociale, bonnes relations sociales…), plus de la moitié des artisans du BTP sont ainsi victimes d’un stress chronique mettant en danger leur santé mentale et physique.

L’intensité du rythme de travail, de la pression des délais, du déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, des exigences physiques et mentales de la fonction (95 %), le sentiment d’isolement sont autant de facteurs propices à l’altération de la qualité de vie et de travail des artisans du BTP.

La conjoncture économique* jouerait également un rôle de catalyseur du phénomène de stress en renforçant le sentiment d’insécurité (fortes variations de l’activité, faible visibilité sur les commandes et l’avenir, difficultés de trésorerie…) et en accentuant les difficultés liées à la concurrence (multiplication des demandes de devis, réactivité, guerre des prix, contraintes de délais…).

Méthodologie :
Enquête réalisée en France métropolitaine, via un questionnaire administré en ligne auprès d’un panel représentatif de 2 783 chefs d’entreprise artisanale du BTP, de 0 à 20 salariés, en septembre et octobre 2015. Seuls les questionnaires complétés dans leur intégralité ont été conservés pour l’analyse des résultats. L’échantillon a été raisonné de sorte à avoir une lisibilité suffisante et se rapprocher de la représentativité du secteur.

  • * Définition d’une entreprise artisanale : une petite entreprise qui peut employer ou non des salariés et qui est inscrite au Répertoire des métiers.
  • ** Ce chiffre (350 784) ne comprend pas les 129 899 auto-entrepreneurs inscrits au RSI, dont les 96 708 ayant déclaré un CA selon l’ACOSS
  • *** Ces chiffres sont extraits de la nouvelle publication : « Les chiffres clés de l’artisanat du Bâtiment 2015 »

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