Transport routier de marchandises, des risques sur la route comme à l’arrêt

Accidents liés à des manutentions manuelles, chutes de hauteur, écrasements, accidents de la route… le transport routier de marchandises est un secteur à la sinistralité particulièrement élevée. Des solutions existent pour améliorer la santé et la sécurité des salariés : équipements, dispositifs d’accompagnements, formations… mais la route est longue et sinueuse pour cette activité au carrefour de multiples métiers.

Les salariés du transport routier de marchandises (TRM) ont plus de deux fois plus d’accidents du travail que ceux des autres secteurs d’activité, et ce malgré une baisse régulière du taux de fréquence de ce secteur depuis une quinzaine d’années. Le taux de gravité des accidents est également deux fois plus élevé que la moyenne tous secteurs confondus. Pour achever un tableau déjà bien sombre, 71 accidents mortels ont été déplorés en 2019 dans ce secteur qui emploie quelque 400 000 salariés.

Si les accidents de la route représentent plus de la moitié des accidents mortels (36 décès), le risque routier n’est pas la principale cause de sinistre au sein de la profession. Il n’arrive en fait qu’en quatrième position. Neuf accidents du travail sur dix ont en effet lieu lorsque le véhicule est à l’arrêt. Ils se produisent en particulier au moment d’accéder au véhicule ou d’en descendre, lors de la mise à quai, au cours des opérations de chargement-déchargement ou du bâchage-débâchage des remorques.

Ces accidents sont, pour plus de la moitié, le fait de manutentions manuelles. Viennent ensuite les chutes de plain-pied et les chutes de hauteur, qui représentent le tiers des accidents de travail.

Les troubles musculosquelettiques (TMS) constituent quant à eux 95% des maladies professionnelles déclarées dans le secteur. Là aussi, les salariés du TRM sont davantage touchés que les autres.

Des camions mieux équipés

Il existe sur le marché de nombreux équipements qui peuvent être acquis à la commande du véhicule ou installés en deuxième monte, afin de réduire les risques d’accidents du travail et de maladies professionnelles des chauffeurs routiers. Ils permettent notamment d’améliorer le confort de conduite, de faciliter les manœuvres et d’aider aux manutentions lors du chargement. Outils de travail des conducteurs routiers, les camions sont de mieux en mieux équipés et de plus en plus ergonomiques.

Pour faciliter le travail des chauffeurs routiers, on trouve notamment des aides à la conduite (système d’informatique embarqué, témoin de surveillance de pression des pneus…), qui donnent des indications sur les sites de livraison ou permettent d'avoir des informations sur le véhicule depuis la cabine. Certains dispositifs peuvent aider à la manœuvre : par exemple, les systèmes d'attelage automatique pour accrocher ou décrocher la remorque du tracteur depuis la cabine, limitant ainsi les contraintes posturales ou un bras suiveur sur la remorque, un dispositif coulissant permettant de raccorder les flexibles entre la cabine et la remorque depuis le sol, au lieu de monter sur la plate-forme d’accès aux raccordements puis de se baisser. Enfin, parmi les systèmes d’aide à la manutention, on peut citer le bâchage/débâchage électrique ou les hayons élévateurs qui évitent aux conducteurs les montées et descentes sur la remorque (et donc le risque de chute) et les manutentions manuelles.

Le transporteur est le maillon d’une chaîne logistique globale

Particularité du secteur : les chauffeurs, qui constituent l’essentiel de l’effectif, sont fréquemment en déplacement hors de leur entreprise. Deux tiers des accidents du travail des conducteurs ont lieu aux interfaces de livraison ou de chargement. Il est donc important que les chauffeurs soient formés au repérage des situations à risques. Il est également essentiel que les entreprises de transport et leurs clients (logistique, grande distribution…) travaillent ensemble à l’élaboration d’un protocole de sécurité, une obligation réglementaire (Articles R. 4515-1 à R. 4515-11 du Code du travail). Pour toute opération de chargement/déchargement de marchandises, l’entreprise de transport et l’entreprise d’accueil doivent définir ensemble les mesures de prévention à mettre en œuvre en les consignant par écrit dans le protocole de sécurité.

Afin d’améliorer la prévention des risques professionnels dans les entreprises du secteur, la Cnam a mis en œuvre des conventions nationales d’objectifs (CNO). Elles proposent des aides financières aux entreprises de moins de 200 salariés, dans le cadre de contrats de prévention ciblant des risques professionnels spécifiques. Une convention a ainsi été signée en 2013, entre la Cnam et l’AFT – l’organisme de développement de la formation professionnelle des secteurs du transport et de la logistique, en lien avec les organisations professionnelles du transport routier de marchandises. Elle a notamment débouché sur une offre de formation dédiée à la prévention des risques professionnels, spécifique aux secteurs du TRM, du transport de voyageurs et de la logistique.

Offre de prévention

L’Assurance maladie - Risques professionnels et l’INRS proposent des outils opérationnels pour aider les entreprises à prévenir les risques. Cette offre lancée en collaboration avec les organisations professionnelles concerne les secteurs du transport routier de marchandises, du transport routier de voyageurs, du transport sanitaire, du déménagement et de la messagerie - fret express. Une démarche de prévention efficace débute par l’évaluation des risques professionnels formalisée dans le document unique d’évaluation des risques (DUER). Des outils sectoriels interactifs en ligne permettent aux entreprises de concevoir leur DUER et de construire un plan d’actions en conséquence. Un outil Plan d’action Covid-19 permet par ailleurs aux entreprises d’identifier les situations à risques dans le contexte Covid, et de proposer des mesures opérationnelles pour préserver la santé des salariés, en complément de l’outil de diagnostic des risques liés aux métiers. Ces solutions et outils sont accompagnés d’une série de recommandations et de conseils par métier, que les entreprises peuvent trouver en ligne sur www.inrs.fr/transport.

Des formations spécifiques aux secteurs du TRM, du transport de voyageurs et de la logistique

Disponible depuis 2015, une offre nationale dédiée à la prévention des risques professionnels se compose de trois formations. Elles sont dispensées par les organismes de formation habilités par l’INRS et s’adressent à trois niveaux d’acteurs dans l’entreprise ayant des rôles complémentaires dans toute démarche de prévention : le dirigeant, une ou des personnes affectées à des missions d’animateur prévention et l’ensemble des salariés. Ces formations sont contextualisées : elles s’appuient sur la situation de l’entreprise pour bâtir un projet de prévention personnalisée. À noter que ce dispositif de formation est destiné aussi bien aux transporteurs qu’aux structures de la logistique, comme les plates-formes de la grande distribution par exemple qui louent, sous-traitent ou emploient des conducteurs pour livrer leurs clients. Une CNO du CTNC, signée en 2016 entre la Cnam et notamment les trois organisations professionnelles du TRM, cible plus spécifiquement les TMS et les accidents liés aux manutentions manuelles. Ces actions de prévention contribueront à l’amélioration des conditions de travail des salariés du TRM, une nécessité pour ce secteur dont les effectifs sont en hausse depuis une vingtaine d’années et qui doit faire face à un turn-over important des salariés.

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