L'analyse de l'expert
Quels sont les risques ?
Risques d’incendie et d’explosion, risques liés aux effondrements et à la chute d’objet, risques liés aux émissions, autres risques annexes consécutifs à l’incendie (ambiances thermiques, risques psychosociaux.
Qu’est-ce qui ne va pas ?
Je suis curieuse d’avoir vos avis sur la vidéo suite à cette analyse. Si vous êtes un amateur d'adrénaline, je vous invite à vous faire peur en la regardant. L’incendie s’est déclaré en quelques secondes et a évolué à une vitesse record. En l’absence de moyens d’extinction généraux (extinction automatique sur la machine, sprinkler, etc.), le bâtiment a été détruit en 58 secondes environ (durée de la vidéo). Sa destruction est d’ailleurs impressionnante vu de l’intérieur (merci la caméra de surveillance !).
Outre l’aspect record de la propagation de l’incendie, les deux opérateurs n’ont eu que quelques secondes pour éviter d’être pris au piège dans l’effondrement. L’opérateur machine est revenu sur ses pas pour reprendre des affaires tandis que son collègue finissait de ranger son chalumeau. Deux comportements dangereux qui auraient pu leur coûter la vie. Ils auraient tous deux dû, de par la rapide propagation, donner l’alerte et évacuer. Dans ce cas, ils ont eu raison de ne pas tenter d’éteindre le feu avec les extincteurs présents à côté de la machine. Je ne pense pas que le local soit équipé d’un moyen d’extraction de la fumée type trappe de désenfumage. Cela aurait pu aider à freiner la propagation de l’incendie car les fumées chaudes ont été alimentées par tous les systèmes électriques présents (pas de coupure d’énergie réalisée) ainsi que les diverses bonbonnes de gaz autour de la machine.
Concernant la cause du départ de feu, mon hypothèse est qu’une zone à atmosphère explosive s’est créée autour d’une opération de travail sur métaux générant des étincelles sans lubrification pour éviter les frictions (combustible = fuite de gaz ; énergie d’activation = étincelle ; comburant = oxygène). Le manque de sécurisation du procédé sur la machine est la cause n°1 de cet incendie (moyens d’extinctions non adaptés, par d’extraction des fumées, absence de lubrification, évacuation tardive, utilisation d’un chalumeau dans une zone non adaptée, interaction des différents types d’énergies, etc.).
Que faudrait-il faire ?
La réglementation encadre la prévention incendie par le biais du code du travail (articles R. 4227-1 à R. 4227-41 et R. 4227-55 à R. 4227-57). De ce fait, il faut :
- Adapter ses locaux pour limiter le risque incendie (notamment lors de la construction, d’un agrandissement ou d’un réaménagement) ;
- Former annuellement tous les collaborateurs à l’évacuation et aux gestes de premiers secours en cas d’incendie (exemple : manipulation des extincteurs) ;
- Tenir à disposition une documentation claire et précise des consignes d’évacuation sur le lieu de travail (guide-files et serre-files, lieu de rassemblement, coupure des énergies, etc.) via la documentation interne et les plans d’évacuation ;
- Mettre à disposition le matériel d’extinction et de prévention adéquat, en nombre suffisant et l’entretenir selon les fréquences réglementaires (extincteurs, BAES, boîtiers de déclenchement d’alarme, alarmes, détecteurs de fumées, etc.) ;
- Etudier les risques par zones, par machines et par postes de travail pour identifier lesquels sont soumis à un risque pouvant aboutir à un incendie et mettre en place les moyens de prévention spécifiques (exemple : extincteur sur roue, système d’extinction automatique intégré, dispositions spécifiques pour les zones à atmosphère explosive dites “ATEX”, etc.). Concernant le travail des métaux, il faut bien étudier le procédé et intégrer un lubrifiant non inflammable pour limiter les frictions qui génèrent des étincelles. Ces actions permettent de jouer sur le triangle du feu en supprimant un, plusieurs ou tous les facteurs :
- Réaliser à minima 1 fois par an un exercice d’évacuation : penser aux observateurs, faire un compte-rendu et des actions de recadrage si besoin pour sensibiliser et entraîner le personnel aux bons gestes en cas d’évacuation. La fréquence est définie en fonction des risques liés à l’activité. A noter, certaines entreprises ont une obligation par arrêté (souvent pour les ICPE), d’avoir des équipiers de première intervention (EPI) et des équipiers de seconde intervention (ESI). Ils coordonnent l’intervention en cas d’évacuation incendie (attention aux recyclages). Le meilleur moyen de faire adopter les bons gestes est de sensibiliser les collaborateurs dès l’embauche en leur expliquant les consignes de sécurité et en insistant sur l’importance de ne jamais revenir en arrière, sur ses pas, même si nos effets personnels nous tiennent à cœur. En effet, un manteau ou un téléphone se rachètent, mais pas une vie.
avec Inforisque.
Le concept #balancetonrisque
Le concept #balancetonrisque est un partage à visée pédagogique créé par Inforisque. Tous les jeudis, retrouvez dans la lettre du risque une vidéo commentée et analysée par un expert HSE.