À l’occasion des Journées de la sécurité routière au travail, une étude menée depuis 10 ans par l’assureur MMA met en lumière un paradoxe préoccupant : bien que le risque routier soit la première cause de mortalité au travail, il reste largement sous-estimé par les dirigeants de petites entreprises. En 2023, 440 décès liés à des trajets professionnels ou domicile-travail ont été enregistrés en France, mais seuls 18 % des chefs d’entreprise identifient ce risque comme prioritaire. Un recul de 7 points en une décennie, alors même que les chiffres de la mortalité augmentent.
Malgré une légère amélioration de la conscience juridique — 69 % des dirigeants savent qu’ils peuvent être tenus responsables en cas d’accident sur un trajet professionnel —, la mise en œuvre de mesures de prévention reste très limitée. Moins d’un tiers des entreprises (29 %) ont engagé des actions concrètes, et à peine 3 % en prévoient pour l’année 2025.
Les actions mises en place restent essentiellement administratives : contrôle du permis de conduire (78 %) ou vérification de l’état des véhicules (75 %). Peu d’entreprises vont plus loin en repensant l’organisation du travail pour limiter les déplacements ou en proposant des formations à la conduite responsable. Pourtant, l’inscription du risque routier dans le Document Unique d’Évaluation des Risques, désormais réalisée par 49 % des dirigeants, montre qu’une prise de conscience lente mais réelle est en cours.
Les freins sont nombreux : 46 % des dirigeants admettent ne pas avoir pensé à engager de démarches, et 21 % évoquent un manque de temps. Le manque de moyens financiers, souvent mis en avant dans d’autres domaines, ne concerne ici que 4 % des sondés. Ce constat révèle surtout une faiblesse de la culture de prévention dans les TPE/PME.
Autre point faible : l’adoption des alternatives à la voiture individuelle reste marginale. Seulement 7 % des entreprises encouragent les mobilités douces, et à peine 2 % ont mis en place un forfait mobilité durable. Le potentiel des technologies embarquées est quant à lui mieux perçu : 59 % des dirigeants estiment que les équipements connectés des véhicules professionnels favorisent une conduite plus sereine.
Un levier clé reste sous-exploité : la sensibilisation des dirigeants eux-mêmes. L’étude montre que ceux ayant été sensibilisés sont deux fois plus enclins à mettre en œuvre des actions (50 % contre 22 %). Pourtant, seuls 25 % ont bénéficié d’une telle sensibilisation.
Face à ces constats, MMA renouvelle son engagement à travers une campagne radio et des outils dédiés pour accompagner les dirigeants dans la prévention du risque routier. Comme le rappelle Guillaume Wirth, responsable de la prévention chez MMA : « Trop souvent, le risque routier reste un angle mort de la prévention en entreprise. Il est urgent de changer de cap. »
Sources : Étude Ifop pour MMA (mars-avril 2025), ONISR 2023, rapport AMRP 2016
En savoir plus : www.zerotracas.mma/journees-securite-routiere.htm
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