La surcharge de travail n’est plus une simple question de productivité : elle représente aujourd’hui une menace directe pour la santé des salariés et l’équilibre des entreprises. Burn-out, stress chronique, désengagement… Les chiffres sont alarmants. Selon une étude Factorial (mai 2025), 83 % des managers estiment que leur charge de travail détériore leurs relations avec leurs équipes, et plus de 60 % admettent que le stress empiète sur leur vie personnelle. Résultat : des journées rallongées, une qualité de vie sacrifiée et des équipes fragilisées.
Du côté des salariés, la situation n’est guère plus rassurante. L’étude d’Empreinte Humaine (juin 2025) révèle que 45 % des travailleurs français sont en détresse psychologique et que 34 % souffrent déjà de burn-out. Une réalité qui confirme que la surcharge de travail est avant tout un risque humain majeur.
Reconnaître les signaux d’alerte
Isolement, troubles du sommeil, irritabilité, perte de désir ou encore conflits répétés : autant de signes qui doivent alerter. Comme le rappelle le psychologue du travail Adrien Chignard, “en surcharge, on surinvestit son travail, on va travailler deux fois plus et se reposer deux fois moins”. Si une surcharge ponctuelle peut être absorbée, la surcharge chronique, elle, épuise le corps et l’esprit, au point de jeter “le compas du bien-être” à la poubelle.
Pratiquer l’écologie mentale
“Notre cerveau est comme la planète : on ne peut pas lui demander plus de ressources qu’il n’en a”, explique le docteur en psychologie cognitive Gaël Allain. La performance repose sur la régularité de la récupération. Autrement dit, des temps de pause sanctuarisés entre le lundi et le vendredi permettent de maintenir équilibre émotionnel et intelligence relationnelle. Sans ces respirations, le risque de burn-out devient inévitable, notamment chez les managers qui négligent leur propre bien-être.
Accueillir et soutenir sans minimiser
Lorsqu’un collaborateur confie qu’il n’en peut plus, la bonne posture n’est pas de le rassurer à tout prix mais de l’écouter avec empathie. Reformuler, comprendre, et surtout agir à la source de la surcharge sont les clés d’un management responsable. Car ignorer ou banaliser la détresse d’un salarié, c’est l’exposer à un risque accru de désengagement ou de rupture.
La méthode des 4D : une solution concrète
Pour alléger la charge, Adrien Chignard propose une méthode pratique : les 4D.
- Delete : supprimer les tâches inutiles ou sans valeur ajoutée.
- Delay : retarder certaines décisions pour éviter les surcharges émotionnelles et les conflits inutiles.
- Distribute : déléguer les missions à ceux qui sont les plus compétents.
- Diminish : réduire la charge en confrontant la réalité des plannings et en éliminant le “travail gris”.
Ces quatre leviers permettent non seulement d’alléger la pression, mais aussi de redonner du sens et de la valeur au travail. Un salarié écouté, soutenu et impliqué dans la recherche de solutions sera plus engagé et moins exposé aux risques psychosociaux.
Conclusion : agir avant qu’il ne soit trop tard
La surcharge de travail n’est pas une fatalité. Elle exige une vigilance collective, un management conscient et des pratiques concrètes. Identifier les signaux, instaurer des espaces de récupération, soutenir ses collaborateurs et appliquer des méthodes comme les 4D : voilà les ingrédients pour préserver la santé mentale et la sécurité au travail. Car au-delà de la performance, c’est la pérennité de l’entreprise et l’équilibre des vies qui sont en jeu.
Auteur : Inforisque.Source : Courrier Cadres.