Alors que la prévention des risques professionnels évolue, un baromètre 2025 révèle l’ampleur de fragilités personnelles pesant sur les salariés. Ces vulnérabilités, longtemps invisibles, bouleversent l’organisation du travail, la sécurité et la performance. Voici les signaux clés et des pistes d’action.
Une norme silencieuse qui progresse et touche tous les profils
Près de six salariés sur dix disent traverser au moins une fragilité d’ordre personnel — difficultés financières, maladie chronique ou grave, charge d’aidance, isolement. Par rapport à 2020, la progression atteint 17 points, signe que ces réalités ne sont plus marginales mais structurelles. La santé mentale ressort particulièrement : 21 % déclarent une souffrance psychologique, en hausse de 13 points. L’isolement social (17 %, +10 points) et les addictions (12 %, +10 points) suivent la même pente, tout comme les tensions budgétaires (18 %, +9 points).
Aucun « profil type » ne se détache. Les signaux sont toutefois plus fréquents chez les femmes, les moins de 25 ans, les 35–44 ans, ainsi que dans le commerce et les services, avec une surreprésentation en Île-de-France. Des environnements de travail précaires — contrats instables, rémunérations faibles, horaires contraignants — entretiennent ce terrain de fragilité. Pour les responsables santé-sécurité, ce contexte élargit le périmètre de prévention : il ne s’agit plus seulement d’évaluer des risques « au poste », mais d’intégrer des facteurs individuels qui s’invitent dans le collectif.
Des répercussions directes sur sécurité, engagement et absentéisme
Les salariés eux-mêmes le confirment : 64 % estiment que ces difficultés rejaillissent sur le travail — un taux qui grimpe à 70 % chez les moins de 40 ans. Les personnes vivant avec une maladie grave ou chronique signalent davantage d’épuisement professionnel (48 % contre 23 % pour l’ensemble) et plus de difficultés à concilier vie pro/vie perso (42 % contre 32 %). Les aidants suivent la même tendance : 44 % se disent en burn-out et 50 % peinent à équilibrer leurs temps de vie.
Côté direction, le diagnostic converge : impact sur l’engagement (52 %), la performance (43 %), le climat et la cohésion (41 %), l’absentéisme (38 %). Pour la sécurité au travail, ces chiffres ne sont pas abstraits : fatigue décisionnelle, baisse de vigilance et surcharge mentale augmentent la probabilité d’écarts aux procédures, de quasi-accidents et d’incidents. La maîtrise opérationnelle exige donc de repenser la prévention en intégrant ces risques humains étroitement liés aux risques psychosociaux.
Angles morts managériaux : du privé au risque professionnel
Beaucoup de fragilités restent tues par crainte de stigmate ou parce que les salariés ne se reconnaissent pas dans cette notion. Les dirigeants tendent à réduire le sujet à des situations « privées » comme la monoparentalité (34 %), des contextes familiaux difficiles (29 %) ou un deuil récent (29 %). Cette lecture limite la capacité d’agir, par peur d’intrusion. D’ailleurs, la proportion de dirigeants se sentant légitimes à intervenir recule de 4 points par rapport à 2023.
Un mouvement positif s’amorce toutefois : ils sont moins nombreux à considérer la prise en compte des fragilités comme une contrainte pour l’organisation (–8 points vs 2023). Signe d’un tournant : 77 % se disent préoccupés et 67 % souhaitent être accompagnés. Autrement dit, l’enjeu est de transformer un tabou individuel en risque professionnel reconnu, piloté et mesuré au même titre que les autres risques.
Passer à l’action : priorités, dispositifs et réflexes SST
Un tiers des entreprises a déjà engagé des dispositifs, mais seule une minorité de salariés en a connaissance (48 %). Pour créer un effet utile sur la sécurité et la performance, l’action doit être lisible, outillée et suivie. Les priorités exprimées sont claires.
Ce que demandent en premier lieu les salariés :
- Prévenir et accompagner les troubles de la santé mentale.
- Lutter contre les violences et discriminations au travail.
- Sensibiliser et former dirigeants et managers.
- Identifier précocement les fragilités les plus fréquentes.
Ce que privilégient les dirigeants :
- Aménagements du temps et des conditions de travail.
- Congés spécifiques selon les situations rencontrées.
- Prévention des risques professionnels, accidents et RPS.
- Actions structurées de prévention santé.
Des solutions existent déjà pour objectiver et traiter ces risques : diagnostics anonymisés croisant âge, métiers et répartition femmes-hommes ; programmes de sensibilisation des managers aux réalités du handicap, de l’aidance ou du cancer ; lignes d’écoute et d’orientation tenues par des experts sociaux, capables d’évaluer la situation et d’activer un suivi ou des aides ciblées. En 2024, 150 000 actifs ont ainsi été accompagnés, avec une amélioration constatée par deux tiers d’entre eux et 25 millions d’euros d’aides versées. S’ajoutent des parcours de rebond individuels (type « tremplin ») et des programmes de retour à l’emploi pour sécuriser la reprise, éviter rechutes et prolongations d’arrêt. Des garanties d’assurance dédiées peuvent compléter le dispositif : compléments de revenu pour les aidants, capital en cas de maladie redoutée, et accompagnement personnalisé dès l’annonce.
Quatre réflexes opérationnels pour la prévention SST :
- Intégrer les fragilités dans le DUERP et la cartographie des risques, avec indicateurs de suivi.
- Outiller la ligne managériale : repérage, dialogue non intrusif, orientation vers les ressources.
- Aménager le travail : horaires, charge, tâches critiques, redondances de sécurité quand la vigilance baisse.
- Mesurer l’effet : impacts sur incidents, quasi-accidents, absentéisme, engagement et maintien dans l’emploi.
En traitant ces fragilités comme un risque professionnel à part entière, l’entreprise protège ses équipes, fiabilise ses opérations et renforce sa performance durable. La sécurité au travail gagne à embrasser la complexité du facteur humain : c’est là que se joue désormais une large part de la maîtrise des risques.
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Auteur : Inforisque.Le baromètre 2025 révèle une hausse forte des fragilités personnelles. Impacts sur sécurité, performance et absentéisme : chiffres clés et plan d’action concret pour agir