Dans un monde professionnel secoué par l’instabilité économique, l’incertitude environnementale et les mutations technologiques, les jeunes actifs peinent à trouver leurs repères. Leur rapport au travail évolue rapidement, révélant une vulnérabilité mentale que les entreprises doivent désormais considérer comme un enjeu de sécurité au travail à part entière.
Une génération façonnée par l’instabilité et l’isolement
Les jeunes adultes qui arrivent aujourd’hui sur le marché du travail ont grandi au milieu de crises successives. Leur passage à l’âge adulte a été marqué par la pandémie, l’isolement social, la montée des inégalités, la crise climatique et une inflation persistante. Ce contexte a profondément influencé leur construction personnelle et leur capacité à envisager un avenir stable.
Les indicateurs de souffrance psychique sont particulièrement élevés chez cette génération. Beaucoup expriment un sentiment aigu de solitude, un niveau de stress persistant et une difficulté à se projeter dans un environnement professionnel qu’ils perçoivent comme fluctuant et incertain. Les enquêtes montrent que près d’un jeune sur cinq s’est retrouvé dans l’incapacité de travailler à cause d’un stress trop intense, un taux nettement supérieur à celui observé chez leurs aînés.
Ces signaux, souvent minimisés au sein des organisations, traduisent pourtant une réalité majeure : la santé mentale des jeunes travailleurs est devenue un enjeu de sécurité au travail, au même titre que la prévention des accidents physiques.
L’éco-anxiété : une menace diffuse qui affecte aussi la sphère professionnelle
L’une des sources les plus marquantes de fragilité psychique chez les 18-24 ans réside dans l’éco-anxiété. Cette forme de stress, tournée vers l’anticipation des catastrophes climatiques, génère une inquiétude permanente. Le phénomène, encore méconnu il y a quelques années, influence désormais leurs choix de vie : certains renoncent à des projets à long terme, allant même jusqu’à remettre en cause l’idée de fonder une famille.
Dans le cadre professionnel, ce sentiment d’urgence écologique peut provoquer une hypervigilance, un pessimisme constant ou une démotivation lorsqu’ils perçoivent un décalage entre leurs valeurs environnementales et les pratiques de leur entreprise. Cette tension cognitive augmente leur charge mentale et fragilise leur engagement.
L’hyperconnexion, un facteur aggravant pour la santé mentale
Le lien quasi permanent entre les jeunes et leurs écrans constitue un autre facteur de stress. Dès le réveil, une large majorité consulte compulsivement actualités, notifications et réseaux sociaux. Ce comportement, souvent inconscient, alimente une spirale anxiogène : peur de rater une information, crainte de perdre l’attention de leurs pairs, ou angoisse d’être déconnecté du monde numérique.
La dépendance au smartphone crée une tension mentale constante qui affecte la concentration, le sommeil et la disponibilité psychologique au travail. Les jeunes employés exposés à ce flux continu d’informations négatives ou anxiogènes peuvent rapidement basculer vers un état de surcharge émotionnelle, un risque de plus en plus visible dans le monde professionnel.
Vers une entreprise qui protège réellement la santé globale
Les attentes des jeunes actifs ont profondément changé : la santé mentale occupe désormais une place centrale dans leur rapport au travail. L’idée d’une entreprise centrée sur la performance pure ne répond plus à leurs besoins. Ils recherchent des organisations capables de proposer un environnement protecteur, flexible et humain.
De nombreuses initiatives peuvent être mises en place pour mieux prévenir les risques psychosociaux :
- aménagement d’espaces de travail modulables favorisant les interactions sociales ;
- création de temps de parole sécurisés permettant l’expression des émotions ;
- formation des managers à l’écoute active et à la reconnaissance émotionnelle ;
- intégration de pratiques d’ergonomie sociale pour renforcer le collectif ;
- actions concrètes de réduction du stress quotidien.
Les recherches montrent qu’une plus grande diversité émotionnelle améliore l’équilibre psychologique et réduit les risques de troubles dépressifs. Reconnaître et normaliser l’expression des émotions au sein des équipes devient ainsi un levier essentiel de prévention.
En répondant aux besoins de la Génération Z, les entreprises contribuent à instaurer des environnements plus sûrs, capables de protéger aussi bien la santé physique que mentale de leurs collaborateurs. Ce changement de paradigme devient indispensable pour limiter le désengagement, prévenir l’épuisement professionnel et bâtir des équipes solides sur le long terme.
Auteur : Inforisque.Sur le même sujet : Génération Z : la crise de santé mentale que les entreprises ne peuvent plus ignorer.