Dans sa volonté de lutter contre les accidents de la route, l’administration française s’est toujours refusé à étudier l’influence de l’éclairage public sur les paramètres accidentogènes, au prétexte qu’un éclairage confortable favoriserait la vitesse en conduite nocturne et augmenterait le nombre d’accidents. L’AFE a souhaité réagir sur ce point en pilotant une étude scientifique pour déterminer l’influence réelle de l’éclairage sur la sécurité routière.
Si, depuis 1972, le nombre des tués sur la route est passé de 16 000 à moins de 4 000 personnes, malgré un trafic toujours plus important, force est de constater que l’on déplore encore, depuis cette époque, autant de tués de jour que de nuit, et ce malgré un trafic nocturne quatre fois plus faible. De même, 70 % des accidents mortels de nuit sont recensés hors agglomération. Il semble bien que ce soit la route, de nuit, qui soit la plus dangereuse. Les spécialistes de la sécurité routière pensaient que l’éclairage public routier et autoroutier, hors agglomération, ne pouvait être un paramètre favorable à la réduction des accidents de la route, car ce type d’éclairage devait procurer un faux sentiment de sécurité générateur d’inattention et surtout d’augmentation de la vitesse des véhicules. Curieuse ment, depuis 1972, point de départ de la lutte contre les accidents routiers, personne n’avait envisagé de vérifier scientifiquement le bien-fondé des arguments avancés, à tel point qu’au cours d’expériences en site réel, lancées en 1996 entre Paris et Lyon, on ne s’était attaché qu’à constater et mesurer l’existence et la fréquence des phénomènes d’hypovigilance et de micro sommeil des conducteurs, à la fois de jour et de nuit sur autoroute non éclairée, étant a priori entendu que l’éclairage public ne devait pas être un paramètre influençant favorablement le comportement des conducteurs la nuit. Á ce jour en France, non seulement le kilométrage de voies interurbaines importantes éclairées est très faible, mais profitant de pannes ou de sabotages sur les câbles d’alimentation, l’administration tente de convaincre l’opinion publique que l’éclairage public des grandes voies d’accès au milieu urbain n’est pas nécessaire et qu’il est responsable d’accidents supplémentaires et d’augmentation de la vitesse. En conséquence, les tronçons éteints ne seront pas réparés et d’autres tronçons, actuellement éclairés, seront remis dans le noir (annonce faite au journal télévisé de 20 heures de TF1 du 9 janvier 2009 par le directeur interdépartemental des routes d’Île-de-France). C’est cette interrogation jamais levée sur l’influence éventuelle de l’éclairage public sur la réduction des accidents qui a poussé l’AFE et ses partenaires (EDF et Syndicat de l’éclairage) à financer une étude scientifique confiée au CNRS et en particulier au CEPA de Strasbourg (Centre d’étude de physiologie appliquée).
Source : La revue de l’AFE (Association française de l’éclairage)