Les situations d'urgence radiologique
Selon le code de la santé publique (article R1333-76), "il y a situation d'urgence radiologique lorsqu'un événement risque d'entraîner une émission de matières radioactives ou un niveau de radioactivité susceptibles de porter atteinte à la santé publique, notamment en référence aux limites et niveaux d'intervention fixés (…)". Le code précise que cet événement peut résulter d'un incident ou d'un accident survenant lors de l'exercice d'une activité nucléaire, y compris le transport de substances radioactives, d'un acte de malveillance ou encore d'une contamination de l'environnement.
Mais les incidents ou accidents radiologiques peuvent également survenir en dehors des installations nucléaires, par exemple dans un établissement exerçant une activité nucléaire (hôpital, laboratoire de recherche...) ou du fait de la perte d'une source radioactive.
Les plans de secours, efficaces ?
Les dispositions d'urgence radiologique comportent des organisations particulières et notamment des plans de secours prévus par la réglementation, impliquant à la fois l'exploitant et les pouvoirs publics.
Ces plans visent à définir les mesures nécessaires pour protéger les travailleurs, la population et l'environnement des conséquences d'un incident ou d'un accident.
Pour rappel, le plan d'urgence interne (PUI), établi par l'exploitant, précise l'organisation et les moyens à mettre en oeuvre sur le site. Le plan particulier d'intervention (PPI) lui, est établi par le préfet ; il a pour objet de protéger à court terme les populations en cas d'accident sur une installation nucléaire de base (INB). Il précise les missions des différents services concernés, les schémas de diffusion de l'alerte et les moyens matériels et humains.
Quant au plan de secours spécialisé transport de matières radioactives(PSS-TMR), il est établi par le préfet et a pour objet de protéger à court terme les populations en cas d'accident sur un transport de matières radioactives. Il précise les missions des différents services concernés, les schémas de diffusion de l'alerte et les moyens matériels et humains. Depuis 2005, les PSS-TMR ont vocation à être intégrés dans le cadre des plans ORSEC.
Mais pour le Réseau "Sortir du nucléaire", ces mesures d'urgences sont totalement dérisoires. Xavier Rabilloud, l'un des portes-paroles du Réseau, explique notamment que "les périmètres des zones d'évacuation prévues par le PPI ne sont que de 5 km [les périmètres d'évacuation sont de 20km au Japon], ce qui est très peu". Concernant la distribution des pastilles d'iode, il ajoute que "les pharmaciens sont très mal informés et que la population n'est souvent pas approvisionnée".
Quid des tests en grandeur réelle ?
Afin de tester en conditions réelles l'organisation de crise, des exercices sont organisés et réalisés régulièrement, pour entraîner les équipes de crise et pour tester les moyens et les organisations en vue d'identifier les dysfonctionnements éventuels et faire progresser l'ensemble du dispositif.
Mais pour rappel, le dernier exercice de crise important a fait parler de lui. Il s'agit de la simulation d'accident nucléaire qui a eu lieu le 18 janvier dernier à Gravelines (Nord), où est située la plus grosse centrale nucléaire d'Europe. Il était prévu d'évacuer près de 3 000 personnes, or très peu de personnes ont joué le jeu. Le Réseau "Sortir du nucléaire", qui avait suivi l'exercice, en avait conclu que les autorités ne pouvaient prétendre à une opération réussie démontrant le contrôle de la situation. Xavier Rabilloud confirme : "cet exercice a montré l'incapacité nette de l'Etat a faire évacuer la population, or il s'agissait d'une simulation prévue à l'avance, qu'en serait-il en cas de véritable accident nucléaire ?". "La réalité, c'est qu'il est impossible de gérer un accident nucléaire et que les dispositions d'urgence prévues contribuent en fait à amener l'acceptabilité sociale de l'accident nucléaire", a-t-il ajouté.
Auteur : Par Marianna Reyne, actuEL-HSE
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