RSE post-Covid : Entre engagement sincère et essoufflement des ambitions environnementales

Classé dans la catégorie : Risques pour l'environnement

Cinq ans après la crise sanitaire du Covid-19, où en sont les entreprises françaises en matière de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et d'engagement environnemental ? Si la pandémie a été un catalyseur de prise de conscience, les chiffres actuels montrent une mobilisation inégale et parfois en déclin. En effet, seules 8 % des entreprises françaises se montrent véritablement engagées sur ces sujets, un constat qui interroge sur la pérennité des ambitions écologiques des organisations.

Un élan freiné par de nouvelles crises

Durant la pandémie, la réflexion collective sur la viabilité des modes de vie et de production a incité de nombreuses entreprises à intégrer des pratiques plus responsables. Les collaborateurs, plus soucieux de l’impact environnemental de leur travail, ont accru la pression sur leurs employeurs pour qu’ils adoptent des politiques RSE ambitieuses. Toutefois, cet élan s’est heurté à d’autres priorités, notamment économiques et géopolitiques, qui ont relégué les préoccupations écologiques au second plan.

D’après l’étude "Les entreprises françaises prêtes à entrer dans les limites planétaires ?", trois grands profils d’entreprises émergent. D’une part, une minorité engagée (8 %), dont les dirigeants placent la durabilité au cœur de leur stratégie. C’est le cas de Litha Espresso, qui dès 2019 a bâti son modèle sur une production respectueuse de l’environnement et maintient son cap malgré la hausse des coûts des matières premières. Ensuite, entre 15 et 27 % des entreprises avancent prudemment, cherchant à concilier rentabilité et transformation écologique. Septeo, par exemple, a amorcé sa transition RSE en 2021, avec des initiatives progressives dans la gestion des équipements et la sensibilisation des salariés. Enfin, près de 50 % des entreprises ne prennent aucune mesure, et certaines pratiquent même le "greenwashing", nuisant à la confiance des consommateurs et employés.

Des efforts encore insuffisants face aux enjeux climatiques

Malgré l’implication croissante de certaines entreprises, les résultats restent largement en deçà des objectifs fixés par l’Accord de Paris. Selon l’étude, les modes de production actuels nécessiteraient l’équivalent de trois planètes pour être viables à long terme, et même les entreprises engagées en requièrent deux. À ce rythme, le monde se dirige vers une trajectoire de +4 °C, bien au-delà de la limite de 1,5 °C jugée critique.

L’Europe elle-même a récemment revu à la baisse ses ambitions climatiques, réduisant la portée de la directive CSRD sur le reporting extra-financier des entreprises. Cette réorientation, visant à protéger la compétitivité des entreprises face aux puissances chinoise et américaine, pourrait ralentir encore davantage les efforts en matière de RSE.

Vers une révolution des actions ?

Si certaines entreprises restent convaincues de la nécessité d’une transformation écologique profonde, d’autres risquent de reléguer ces engagements au second plan. Pourtant, les experts insistent : il ne suffit plus d’accumuler de petites actions, il faut une révolution des pratiques. L’engagement environnemental doit être pensé comme un levier de résilience et de compétitivité à long terme, plutôt qu’une contrainte économique immédiate. La question reste donc ouverte : les entreprises sauront-elles transformer l’essai et inscrire durablement la RSE dans leur ADN, ou assisterons-nous à un essoufflement de ces ambitions face aux crises successives ?

Source : RSE : d’une prise de conscience massive en entreprise à un désintérêt croissant ?.

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