L’individualisme gagne du terrain dans le monde professionnel, et ses effets sont loin d’être anodins. Selon le 14e Baromètre de l’état psychologique des Français réalisé par le cabinet Empreinte Humaine, six salariés sur dix constatent une montée en flèche de ce phénomène, tandis que sept sur dix estiment qu’il nuit au bon fonctionnement de l’entreprise. Ce climat individualiste contribue à la détresse psychologique de 53 % des salariés, un chiffre alarmant.
Christophe Nguyen, fondateur d’Empreinte Humaine et psychologue du travail, attribue cette tendance à l’évolution des exigences managériales, accentuées depuis la crise sanitaire. Les entreprises, en quête de performance et de maîtrise des coûts, privilégient aujourd’hui des logiques d’objectifs individuels. Les employés se retrouvent à devoir répondre à des attentes élevées, souvent au détriment de la coopération et de la solidarité entre collègues.
Cette culture de la performance individuelle engendre des effets pervers. Les salariés se focalisent sur leurs propres résultats, dans un environnement où la reconnaissance est rare et la compétition accrue. Près de 44 % déplorent un manque de reconnaissance, 39 % ressentent une pression sur les performances personnelles, et 30 % constatent une rivalité grandissante avec leurs collègues. Ce système de « gagnants et perdants » fragilise les liens sociaux et augmente les tensions internes.
Contrairement aux idées reçues, le télétravail n’est pas le principal coupable : seulement 13 % des sondés estiment qu’il favorise l’individualisme. Le problème est plus profond. Il s’inscrit dans un système où l’intérêt individuel prime sur celui du collectif, à l’image de certaines logiques libérales importées du modèle américain.
Face à ce constat, Christophe Nguyen appelle les entreprises à réagir. Le rôle du management devient crucial : valoriser les contributions collectives, encourager l’entraide, reconnaître les efforts de chacun, et créer un climat inclusif et éthique. La coopération doit redevenir un critère clé d’évaluation. Des moments de partage, des échanges réguliers, et une écoute active des besoins des équipes peuvent réhumaniser le travail et restaurer un sentiment d’appartenance.
Lutter contre l’individualisme, ce n’est pas nier l’importance de la performance, mais redonner du sens au collectif pour préserver la santé mentale des salariés et la durabilité des organisations.
Auteur : Inforisque.Source : L’individualisme au travail contribue à dégrader la santé mentale des salariés français.
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