Chaque année en France, des accidents graves, voire mortels, surviennent lors de travaux à proximité de réseaux électriques. Qu’ils soient aériens ou souterrains, ces réseaux représentent un danger souvent sous-estimé, surtout par les professionnels dont l’activité n’est pas directement liée à l’électricité. Pourtant, l’enjeu est de taille : il s’agit de préserver la vie des travailleurs et de prévenir des accidents aux conséquences lourdes.
Un risque omniprésent et souvent invisible
Le réseau électrique français couvre près de 1,4 million de kilomètres, en grande partie sous forme de lignes aériennes. Cette infrastructure imposante, complétée par des câbles enterrés et des postes de transformation, est indispensable à notre quotidien… mais peut devenir redoutablement dangereuse lorsqu’on s’en approche sans précaution.
Le danger ne vient pas uniquement d’un contact direct : un arc électrique peut se former simplement par la proximité d’un engin ou d’un opérateur avec une ligne sous tension, surtout en haute tension. Les conséquences sont souvent dramatiques : électrisations, électrocutions, brûlures, voire incendies ou explosions. Environ dix décès sont à déplorer chaque année dans le régime général, un chiffre qui pourrait être largement réduit avec une meilleure anticipation.
Des métiers non-électriciens en première ligne
Les travailleurs du BTP, de l’agriculture, de la foresterie ou encore de l’entretien paysager sont particulièrement concernés. Grues, nacelles, engins de terrassement… l’utilisation d’équipements de grande hauteur ou la réalisation de forages dans le sol multiplient les risques d’atteinte aux lignes électriques ou aux canalisations enterrées.
Or, ces professionnels ne sont pas formés aux risques électriques. Ils ignorent souvent les distances de sécurité réglementaires, les zones à éviter et les gestes à adopter. Cette méconnaissance constitue un facteur aggravant, rendant indispensable une montée en compétence sur le sujet.
Un cadre réglementaire renforcé
Face à ces dangers persistants, les pouvoirs publics ont renforcé le cadre réglementaire. Un décret de 2024 est venu rappeler les obligations des employeurs : évaluer les risques, définir des mesures de prévention adaptées, et s’assurer de la compétence des salariés intervenant à proximité des installations électriques.
La mise hors tension des lignes constitue la première mesure de prévention. Quand cela n’est pas possible, des distances de sécurité sont imposées : 3 mètres pour les lignes ≤ 50 kV, et 5 mètres au-delà. Ces distances s’appliquent aux personnes, aux outils, et aux charges manipulées.
Préparation, concertation et traçabilité
La prévention passe aussi par une préparation rigoureuse des chantiers. Avant tout début de travaux, un dialogue doit être engagé entre le maître d’ouvrage, les entreprises exécutantes et les exploitants de réseaux. La réforme anti-endommagement de 2012 a institué un guichet unique pour faciliter la déclaration des projets et la consultation des plans de réseaux.
Les démarches comprennent la déclaration de travaux (DT) par le donneur d’ordre, et la déclaration d’intention de commencement de travaux (DICT) par l’entreprise. L’analyse de terrain, indispensable, permet de vérifier la concordance entre les données reçues et la réalité. Des investigations complémentaires peuvent être nécessaires pour sécuriser totalement l’intervention.
Formation et habilitation : deux leviers indispensables
L’Autorisation d’Intervention à Proximité des Réseaux (AIPR) est obligatoire pour les concepteurs, encadrants et opérateurs. Mais attention : elle ne remplace pas l’habilitation électrique, nécessaire dès que les distances de sécurité sont susceptibles d’être franchies ou dans la zone d’approche prudente des canalisations isolées.
La formation joue donc un rôle central. Elle doit être adaptée aux tâches des travailleurs et actualisée régulièrement. De nombreux outils existent, comme les brochures de l’INRS ou les guides de l’OPPBTP, pour accompagner les professionnels dans la compréhension d’un cadre réglementaire parfois complexe.
En conclusion
Les travaux à proximité des réseaux électriques nécessitent une vigilance constante, une préparation méthodique, et une montée en compétence généralisée des intervenants. Trop souvent, les accidents surviennent non pas par imprudence, mais par ignorance. La meilleure protection reste la prévention, à tous les niveaux : organisationnel, technique et humain.
Auteur : Inforisque.Sources INRS :