La multiplication des épisodes climatiques extrêmes bouleverse profondément le monde du travail. Tempêtes, canicules, inondations soudaines ou encore sécheresses prolongées ne sont plus des événements exceptionnels, mais des réalités récurrentes. Face à cette nouvelle donne, la sécurité des salariés devient un enjeu prioritaire. Pourtant, la prise en compte de ces risques dans les politiques de prévention reste encore trop souvent insuffisante.
Comprendre l'aléa climatique
Un aléa climatique se définit comme un phénomène météorologique potentiellement dangereux, dont la survenue est imprévisible ou irrégulière. Il peut s’agir de pluies diluviennes, de fortes vagues de chaleur, de vents violents ou encore de chutes de neige exceptionnelles. Ces événements, de plus en plus fréquents et intenses en raison du réchauffement climatique, peuvent avoir des conséquences dramatiques sur l’activité professionnelle.
Mais attention : un aléa climatique n’est pas en soi un risque professionnel. Il le devient lorsqu’il interagit avec des infrastructures ou des personnes — par exemple, lorsqu’un orage éclate sur un chantier en plein air ou qu'une inondation submerge les accès à une zone industrielle. C’est à ce moment-là que l’employeur peut voir sa responsabilité engagée, voire faire face à des accusations de faute inexcusable s’il n’a pas pris les mesures de prévention adéquates.
Des exemples concrets aux conséquences lourdes
L’exemple tragique de Valence, en Espagne, en octobre 2024, illustre parfaitement ces enjeux. Une « goutte froide » (ou phénomène DANA) a provoqué des inondations catastrophiques. Le bilan humain s’est révélé dramatique : plus de 200 morts, dont de nombreux travailleurs bloqués sur leur lieu de travail, faute d’autorisation de départ anticipé. L'absence de réaction rapide des entreprises a été pointée du doigt.
Face à cette situation, le gouvernement espagnol a instauré un « congé climatique » en cas d’alerte météo majeure. Une initiative qui pose la question : pourquoi attendre le drame pour agir ?
Employeurs : quelles actions concrètes ?
La prévention repose sur deux piliers : la vigilance et la protection.
- Vigilance accrue : il est essentiel de mettre en place une veille météo active via des plateformes comme Météo France ou Vigicrues. Certains pays, comme l’Italie, vont plus loin avec des outils comme « Worklimate », qui évalue chaque jour le risque thermique pour les travailleurs.
- Mesures de sécurité immédiates : en cas d’alerte, l’employeur doit pouvoir suspendre rapidement l’activité, activer le télétravail, évacuer les sites concernés ou fournir les équipements de protection adaptés (vêtements de pluie, bouteilles d’eau, ventilateurs, etc.).
Ces mesures doivent impérativement être intégrées dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP), qui reste la pierre angulaire de toute politique de prévention. Leur absence pourrait être considérée comme un manquement grave à l'obligation de sécurité.
Conclusion : anticiper plutôt que subir
Les aléas climatiques ne sont plus des événements marginaux : ils font désormais partie du quotidien de nombreuses entreprises. Il ne s'agit pas seulement de réagir, mais d’anticiper, en formalisant des procédures claires, en sensibilisant les salariés, et en adoptant des outils de veille efficaces. Prévenir les risques climatiques, c’est protéger ses salariés, mais aussi sa responsabilité d’employeur. Face à l’urgence climatique, la sécurité au travail doit aussi se mettre à l’heure du changement.
Auteur : Inforisque.