En 2025, année placée sous le signe de la santé mentale, les entreprises sont confrontées à un paradoxe : malgré une prise de conscience accrue, les alertes pour harcèlement présumé explosent, et les enquêtes internes deviennent monnaie courante. Mais une fois l’investigation menée, une question demeure souvent sans réponse : que se passe-t-il après ? Comment restaurer la coopération dans des équipes fragilisées par un conflit d’une telle ampleur ?
Loin d’être un simple processus administratif, une enquête pour harcèlement est une épreuve humaine intense. Les témoins, les plaignants, les mis en cause, tous traversent une zone grise psychologique, souvent marquée par le stress, la culpabilité, la peur ou le rejet. Et même si l’enquête est relativement courte, elle laisse des traces profondes et durables. Le collectif, lui aussi, est impacté — mais bien souvent oublié.
L’équipe : victime collatérale d’un conflit interpersonnel
Lorsque le conflit éclate au grand jour, il devient presque impossible de rester neutre. Les collègues sont pris dans une dynamique de confidences forcées, de loyautés divisées et de tensions latentes. Cette réalité est rarement prise en compte dans les démarches post-enquête. Or, demander à une équipe de "reprendre comme avant" est non seulement irréaliste, mais aussi potentiellement dangereux pour la santé mentale des salariés concernés.
Rétablir la coopération : un objectif, pas une obligation
Penser que toute relation professionnelle peut être réparée est une illusion. Certains préjudices relationnels détruisent irrémédiablement la confiance. Dans ces cas-là, forcer la collaboration revient à nier les souffrances vécues et à compromettre la performance collective. Parfois, la meilleure solution est la séparation des protagonistes via la mobilité, même en l’absence de sanction disciplinaire.
Le rôle clé de l’accompagnement psychologique
Durant l’enquête, mais surtout après, un accompagnement psychologique adapté devrait être systématique. Il permet à chacun de reconstruire son équilibre, d’élaborer ce qu’il a vécu, et de mieux envisager l’avenir professionnel, que ce soit au sein de la même équipe ou ailleurs. Négliger cette étape, c’est courir le risque d’un retour en arrière, voire d’un nouvel épisode de souffrance au travail.
Médiation et sens des décisions : deux leviers incontournables
Dans certains cas, une médiation professionnelle peut permettre de rétablir une forme de coopération minimale — non pas une amitié retrouvée, mais une capacité à travailler ensemble de façon respectueuse et productive. Cela suppose un accompagnement neutre et qualifié.
Enfin, toute décision prise par l’employeur doit être expliquée, contextualisée, assumée. L’absence de communication crée du flou, nourrit les fantasmes et amplifie le mal-être. Donner du sens, c’est soigner non seulement les individus, mais aussi le collectif.
Conclusion : penser l’après, c’est aussi faire de la prévention
L’après-enquête ne peut être un angle mort de la politique de sécurité au travail. C’est un moment clé pour restaurer, reconstruire, ou redéfinir les liens professionnels. Le climat de sécurité psychologique ne se décrète pas, il se soigne. Et ce soin commence dès la fin de l’enquête, au cœur même du silence qui suit.
Auteur : Inforisque.Source : Reprendre la coopération après un harcèlement au travail : quelles solutions pour l’entreprise ?.