La Science-Based Target Initiative (SBTI), reconnue pour sa rigueur en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, a récemment annoncé son intention d'inclure les crédits carbone dans ses critères de certification des efforts des entreprises pour réduire leurs émissions, notamment pour le scope 3. Cette décision a surpris et suscité des critiques de diverses parties prenantes.
Fondée en 2015 par le CDP, le Pacte mondial des Nations unies, le WRI et le WWF, la SBTI a soutenu 8 000 entreprises et certifié 4 000 d'entre elles. Cependant, le 9 avril dernier, son conseil d'administration a indiqué vouloir intégrer les "certificats d'attributs environnementaux", dont les crédits carbone, dans ses calculs de réduction d'émissions. Selon la SBTI, ces crédits peuvent servir de complément pour lutter contre le changement climatique, lorsqu'ils sont encadrés par des politiques et des normes rigoureuses.
Cette révision a été annoncée comme une priorité pour 2024, accompagnée de consultations et de garde-fous pour assurer le respect des principes de réduction des émissions. Néanmoins, cette décision a provoqué une forte opposition interne, certains employés demandant la démission du P-DG Luiz Fernando do Amaral. Des critiques ont également été émises sur le plan scientifique, soulignant que les crédits carbone ne devraient pas être mis sur le même plan que les réductions d'émissions réelles, car ils sont sujets à des risques de réversibilité.
Les critiques notent que l'achat de crédits carbone ne change pas la dépendance d'une entreprise à ses émissions et que ces crédits doivent être additionnels pour avoir un réel impact. Le WWF, cofondateur de la SBTI, a également exprimé son désaccord, insistant sur la nécessité de réduire les émissions directement plutôt que de les compenser.
Face à la controverse, le conseil d'administration de la SBTI a clarifié qu'aucune norme n'avait été modifiée et que tout changement suivrait la procédure standard de consultation et d'approbation. La SBTI prévoit de publier un projet de norme révisée d'ici juillet, avant une consultation publique fin 2024. Malgré les assurances, les critiques craignent que cette révision ne compromette les objectifs ambitieux de la SBTI et ne retarde l'action collective nécessaire pour la transition écologique.
Auteur : Inforisque.Source : Bilan carbone des entreprises : remue-ménage autour de la révision de la norme SBTI.