Les risques invisibles des secteurs féminisés : exposition toxique et manque de protection

Classé dans la catégorie : Risques pour l'Homme au travail

Les secteurs à prédominance féminine, comme ceux de la propreté, de l’esthétique et du soin, sont particulièrement exposés aux risques professionnels liés à la santé, notamment à cause de la forte présence de substances toxiques. Cette situation, souvent méconnue, est alarmante. Le rapport du Sénat intitulé "Santé des femmes au travail : des maux invisibles" souligne le manque d'études dans ces secteurs, contrairement à ceux dominés par les hommes, comme le BTP. Claudine Berr de l’Inserm et Annie Thébaud-Mony, sociologue de la santé, dénoncent l'exposition des femmes à des agents cancérogènes, comme le formaldéhyde, dans un silence général.

Les conséquences de ce mutisme sont graves : les produits de nettoyage, insuffisamment contrôlés, ont des effets néfastes sur la santé, souvent ignorés dans les politiques de prévention. Des études épidémiologiques récentes, utilisant des cohortes comme Pélagie, Constance, Giscope 84 et Giscop 93, montrent que l’exposition à des substances toxiques augmente le risque de cancers, d’asthme et de troubles neurologiques. Par exemple, la cohorte Constance a révélé que l’inhalation de formaldéhyde augmentait de 17 % les risques de troubles cognitifs.

Le cas du laboratoire Tétramédical, où des salariées ont été exposées à l’oxyde d’éthylène sans protection, illustre la gravité de la situation. La réglementation actuelle, qui prône la substitution de produits dangereux, n'est que rarement appliquée. Cette absence de protections adéquates et de formation sur les risques conduit à une épidémie de cancers et de maladies respiratoires.

Les jeunes femmes, notamment celles en BTS esthétique et coiffure, sont particulièrement vulnérables, étant exposées dès l’âge de 15 ans. En 2013, plus d’un million de femmes en âge de procréer étaient exposées à des solvants toxiques, augmentant le risque de malformations congénitales. Les comités d’hygiène et de sécurité, maintenant disparus, rendaient compte de ces expositions, mais leur absence actuelle complique la transmission d'informations cruciales.

La prévention et la protection des travailleuses restent insuffisantes. Les équipements de protection, rarement fournis, ne sont souvent pas adaptés à la multi-exposition des substances toxiques. Le suivi médical des femmes exposées est également déficient. La sous-traitance, fréquente dans ces secteurs, aggrave encore la situation, les travailleuses indépendantes étant privées de toute protection.

Face à ces constats, des actions urgentes sont nécessaires : suppression des substances toxiques par les fabricants, information claire et accessible des risques, protections adaptées et renforcées pour les femmes, notamment en termes de sécurité au travail et de droits liés à la maternité. Une prise de conscience est indispensable pour protéger ces travailleuses essentielles, en respectant notre contrat social et les principes de responsabilité sociétale des entreprises (RSE).

Source : Exposition féminine aux produits toxiques : attention danger.

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