Dans l’ombre des bureaux impeccables, des hôpitaux aseptisés ou des supermarchés reluisants, les professionnels du nettoyage jouent un rôle crucial mais souvent invisible. Pourtant, leur quotidien est jalonné de risques multiples, parfois méconnus, qui méritent une attention particulière en matière de sécurité au travail.
Le secteur de la propreté, avec plus de 600 000 salariés en France selon la Fédération des entreprises de propreté (Fep), couvre une large variété d’environnements : tertiaire, immeubles, industrie, santé, ou encore établissements scolaires. Ces contextes hétérogènes exposent les agents à de nombreux dangers physiques, chimiques, biologiques ou psychosociaux.
Des troubles musculosquelettiques omniprésents
Premier risque identifié : les troubles musculosquelettiques (TMS), qui représentent 96 % des maladies professionnelles reconnues dans le secteur. Répétitivité des gestes, postures contraignantes et matériel inadapté en sont les causes principales. La prévention passe par plusieurs leviers : investir dans des équipements ergonomiques, repenser l’organisation du travail pour éviter la surcharge, et surtout, impliquer les agents dans le choix et le test des outils. Trop souvent, ces décisions sont prises sans concertation, compromettant l’efficacité des actions mises en place.
Des horaires décalés, une qualité de vie dégradée
Autre défi majeur : les horaires atypiques. Travailler de nuit ou tôt le matin est monnaie courante dans le secteur, notamment pour éviter la coactivité avec les autres métiers. Mais cette organisation du temps engendre des répercussions sur la santé physique et mentale des salariés. Promouvoir le travail en journée ou en continu, lorsque cela est possible, est une piste de progrès. D’autant que 95 % des clients ayant franchi le pas s’en déclarent satisfaits.
Chutes et manutentions : des accidents évitables
Les chutes, qu’elles soient de plain-pied ou de hauteur, constituent près de la moitié des accidents du travail dans le secteur. Les causes sont nombreuses : sols glissants, interventions en hauteur non sécurisées, précipitation… Pourtant, des solutions simples existent : plateformes sécurisées, perches de nettoyage longue portée, chaussures antidérapantes… Sans oublier l’importance d’une communication fluide avec les donneurs d’ordres pour adapter les environnements de travail.
Le risque chimique encore trop sous-estimé
Si les produits désinfectants et détergents sont essentiels à l’efficacité du nettoyage, ils sont aussi une source de risques. Intoxications, allergies, voire brûlures : les dangers sont réels. Il est donc crucial de choisir les produits les moins nocifs, de former les agents à leur utilisation, et de fournir les équipements de protection adéquats. La désinfection systématique, par exemple, n’est ni toujours utile, ni toujours sécuritaire.
Un dialogue nécessaire pour une prévention efficace
Enfin, les déplacements entre chantiers, le transport de matériel, ou encore les interventions à proximité de machines sont autant de situations à risque. Ces réalités exigent une approche globale et concertée de la prévention. Or, trop souvent, les entreprises de nettoyage n’ont pas la main sur les conditions de travail dans les locaux de leurs clients.
Renforcer le dialogue entre prestataires et donneurs d’ordres, intégrer des clauses de sécurité dans les contrats, et co-construire les plans de prévention sont des étapes incontournables pour mieux protéger ces travailleurs de l’ombre. Car garantir leur sécurité, c’est aussi reconnaître l’importance de leur métier dans le bon fonctionnement de notre société.
Auteur : Inforisque.Sources INRS :
- Professionnels du nettoyage : missions variées, risques multiples
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