Avec l'irruption massive de l'intelligence artificielle dans les entreprises, un nouveau défi s'impose : concilier innovation technologique et santé mentale des salariés. Déclarée grande cause nationale en 2025, la santé mentale est désormais au cœur des priorités sociétales. Et pour cause : les risques psychosociaux (RPS), déjà bien présents, se trouvent exacerbés par l’arrivée de l’IA dans les organisations.
Entre crainte de l’obsolescence et perte de sens
L’un des effets les plus immédiats de l’IA est l’anxiété liée à l’emploi. La peur d’être remplacé par un algorithme, même lorsqu’elle n’est pas fondée, agit comme un poison lent. Des exemples concrets, comme la suppression de 35 000 postes chez Carrefour au profit de systèmes automatisés, nourrissent cette inquiétude. Résultat : un climat de méfiance et une dégradation de la santé mentale, parfois jusqu’à la dépression.
Même pour ceux dont le poste est maintenu, le sentiment d’utilité vacille. Lorsque des tâches auparavant réalisées par l’humain sont transférées à la machine, la perception de la valeur ajoutée du travail diminue. Selon un sondage IPSOS de 2025, seuls 27 % des salariés pensent que l’IA améliore leur travail. Ce désengagement progressif nuit à la motivation et renforce les RPS.
Moins de communication, plus d’isolement
L’IA transforme aussi les relations humaines au sein des équipes. En favorisant l’autonomie et la performance individuelle, elle peut briser les dynamiques collectives. Moins de réunions, moins d’échanges, et une fracture générationnelle qui se creuse entre les technophiles et ceux qui peinent à s’adapter. Ce repli sur soi alimente l’isolement et la solitude, véritables catalyseurs de mal-être psychologique.
Des recherches du MIT ont d’ailleurs mis en évidence un affaiblissement de l’engagement cognitif chez les utilisateurs intensifs de l’IA. La connectivité neuronale diminue, tout comme les interactions sociales et la résilience émotionnelle.
L’IA comme outil de prévention, à condition de l’encadrer
Mais l’IA n’est pas forcément l’ennemi. Bien utilisée, elle peut même devenir une alliée dans la détection précoce des RPS. Des logiciels RH intelligents peuvent repérer des signaux faibles – comme une hausse des arrêts maladie – et alerter les managers. En agissant en amont, les entreprises réduisent l’impact des troubles psychiques sur leurs salariés.
L’IA peut aussi participer à une meilleure organisation du travail, en équilibrant les plannings et en répartissant équitablement les charges. Ce gain en clarté et en efficacité peut alléger la pression mentale et restaurer un climat professionnel sain.
Mettre l’humain au centre : une urgence stratégique
La clé ? Ne jamais oublier que l’IA est un outil, pas un substitut à l’intelligence humaine. Pour que la technologie reste une force, il est essentiel de former les salariés, de les impliquer dans les choix technologiques, et de préserver l’espace de la décision humaine.
Les entreprises qui sauront miser sur un leadership empathique et une valorisation des compétences humaines sortiront gagnantes. Dans cette ère d’automatisation accélérée, c’est la qualité du management humain qui fera toute la différence.
Auteur : Inforisque.Source : L’IA : outil préventif contre les risques psychosociaux ou menace ?.