Trop jeunes pour mourir au travail : Lorenzo, Axel, Lucas, Matis… et tous les autres

Classé dans la catégorie : Général

Chaque année en France, des jeunes meurent au travail. Pas à la suite d’un accident exceptionnel, mais dans le cadre d’un stage, d’un apprentissage ou d’un premier emploi. Leurs noms restent trop souvent anonymes. Pourtant, ils avaient une vie devant eux. Ils avaient 15, 16, 17, 19 ans.

Des tragédies évitables

Récemment,

  • Lorenzo, 15 ans, a été percuté par un engin de chantier,
  • Axel, 16 ans, a été tué par la chute d’une palette,
  • Lucas, 17 ans, a été écrasé par une poutre métallique,
  • Matis, 19 ans, a été enseveli sous du goudron chauffé à 200°C.

Quatre prénoms, quatre jeunes visages, quatre destins brisés dans des circonstances qui auraient pu être évitées. Ces drames, malheureusement, ne sont pas isolés. Ils témoignent d’un problème structurel bien plus large : le manque de prévention, d’accompagnement et de formation des jeunes en situation professionnelle.

Une vulnérabilité chiffrée

Les données sont alarmantes :

  • Un accident du travail sur quatre concerne un salarié nouvellement embauché. Cette vulnérabilité n’épargne personne, mais elle est d’autant plus marquée chez les jeunes en début de parcours.
  • Les 18-24 ans subissent deux fois plus d’accidents du travail que la moyenne. Ce n’est pas une fatalité liée à l’âge, mais le symptôme clair d’un manque d’expérience et de formation adaptée aux risques.
  • Et pourtant, il existe une solution éprouvée : la prévention. Les jeunes ayant été formés aux risques professionnels durant leur parcours scolaire subissent deux fois moins d’accidents que ceux qui ne l’ont pas été. Ce chiffre est le résultat d’une étude de l’INRS* menée sur 5 ans. Ce n’est pas une intuition, c’est une certitude statistique.

Un contexte en pleine évolution

Depuis 2018, le nombre d’apprentis en France a doublé, témoignant d’un fort engagement des jeunes vers l’alternance et les formations professionnalisantes. C’est une excellente nouvelle pour l’emploi, l’économie et l’insertion. Mais cela signifie aussi que des milliers de jeunes intègrent chaque mois des environnements professionnels parfois dangereux.

Ce contexte oblige à une prise de conscience collective : l’encadrement des jeunes en entreprise ne peut pas être pris à la légère.

Former, expliquer, sécuriser : une responsabilité partagée

L’accueil d’un nouvel employé – qu’il soit stagiaire, apprenti, intérimaire ou nouvel employé – implique une responsabilité morale, légale et humaine.

Et notamment quand ce nouvel employé est jeune et ne peut donc pas capitaliser sur son expérience passée.

Voici quelques étapes indispensables lors de l’accueil :

  • Informer clairement sur les dangers spécifiques à l’environnement de travail
  • Former concrètement aux gestes et procédures de sécurité
  • Encadrer activement, surtout lors des premières semaines
  • Évaluer et adapter les tâches confiées au niveau de compétence
  • Ce ne sont pas des formalités. Ce sont des protections vitales.

Une obligation, pas une option

Trop souvent, la mort ou la blessure d’un jeune salarié est suivie des mêmes constats : un manque de formation, une absence de consignes claires, des équipements de protection insuffisants, un accompagnement défaillant. Et toujours cette phrase glaçante : "Cela aurait pu être évité."

Prendre en compte les jeunes dans le monde du travail n’est pas un choix, c’est une obligation. Légalement, bien sûr, mais aussi éthiquement. Parce que chacun a le droit de se former, de découvrir un métier, d’apprendre dans un cadre sécurisé.

Il est temps de regarder le problème en face. De passer de la réaction à l’anticipation. De ne plus considérer les jeunes comme des travailleurs "comme les autres", mais comme des salariés en formation, encore en apprentissage du danger. En effet, leur perception du risque n’est pas encore aiguisée par des années d’expérience.

Parce qu’aucun stage, aucun CDD, aucun apprentissage ne vaut une vie.

Agir maintenant :

  • Intégrer systématiquement la prévention des risques dans les formations initiales.
  • Former les tuteurs, encadrants et employeurs à accueillir et accompagner les jeunes.
  • Rendre obligatoire une évaluation des risques spécifiques pour les jeunes travailleurs.
  • Soutenir les campagnes de sensibilisation auprès des entreprises, des établissements scolaires et du grand public.
    Par exemple, Coven a collaboré avec plusieurs CFA, dont celui de Nouvelle-Aquitaine, pour proposer aux apprenants un parcours d’ateliers sur mesure abordant différents risques, adaptés aux métiers du BTP..

« La prévention sauve des vies.
L'absence de prévention en détruit. »

Il ne tient qu’à nous de faire en sorte que plus jamais un jeune ne perde la vie simplement parce qu’il était venu apprendre un métier.

Source : Étude INRS.

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