À l’heure où chaque incident cyber peut bloquer une production, la question de la souveraineté numérique devient un sujet central de sécurité au travail. Comment choisir des outils fiables, européens et pérennes pour protéger les salariés, les données critiques et la continuité des activités ?
Souveraineté numérique : un risque sous-estimé pour la sécurité au travail
Dans de nombreuses entreprises, les responsables HSE et RSSI partagent la même inquiétude : une grande partie des outils qui assurent le fonctionnement quotidien – messageries, plateformes collaboratives, solutions de sécurité – repose sur des technologies extra-européennes. Cette dépendance va bien au-delà d’une simple question de choix IT. En cas de rupture de service, de changement unilatéral de conditions contractuelles ou de pression réglementaire étrangère, c’est la continuité d’activité qui vacille, avec des impacts immédiats sur l’organisation des équipes, la gestion des urgences et la protection des personnes.
Pour les directions, il devient vital d’identifier des solutions souveraines capables d’assurer la protection des données sensibles, des infrastructures industrielles et des postes de travail, tout en offrant des garanties juridiques compatibles avec les exigences européennes. Sans cette visibilité, le moindre incident cyber peut se transformer en crise opérationnelle : lignes de production à l’arrêt, procédures de sécurité inaccessibles, dispositifs d’alerte indisponibles. La souveraineté numérique devient alors un levier concret de prévention des risques professionnels.
Un marché souverain riche mais illisible pour les organisations
Les études récentes montrent que près de quatre organisations sur cinq considèrent désormais la souveraineté comme un critère majeur dans leurs investissements numériques à venir. Pourtant, sur le terrain, beaucoup de responsables sécurité peinent à transformer cette intention en décisions concrètes. L’écosystème français de cybersécurité est reconnu comme l’un des plus dynamiques au monde, mais il reste paradoxalement sous-exploité. Les solutions sont dispersées, les catalogues incomplets et les référentiels existants ne couvrent souvent qu’une petite partie du marché.
Résultat : lorsqu’un DSI, un RSSI ou un responsable des risques souhaite remplacer une solution non européenne par une alternative souveraine, il se retrouve face à un véritable casse-tête. Comparer les offres, comprendre les périmètres fonctionnels, vérifier la conformité réglementaire ou évaluer la maturité des éditeurs exige un temps que les équipes de sécurité au travail n’ont pas toujours, surtout dans les organisations multi-sites ou fortement industrialisées. Faute d’outil simple et partagé, les mêmes solutions non souveraines continuent d’être reconduites, malgré une volonté affichée de réduire la dépendance.
Cyber Panorama : une boussole pour les responsables sécurité
C’est précisément à ce blocage que répond le Cyber Panorama, initiative portée conjointement par le CESIN et Hexatrust dans le cadre de la filière « Industries de sécurité ». L’objectif est clair : offrir aux organisations une cartographie unifiée, lisible et opérationnelle de l’offre de cybersécurité souveraine. Autrement dit, transformer un marché fragmenté en un outil d’aide à la décision exploitable au quotidien par les équipes sécurité et les directions métiers.
L’outil s’appuie sur la structure du NIST Cybersecurity Framework, largement utilisée par les professionnels : Gouverner, Identifier, Protéger, Détecter, Répondre et Récupérer. Les solutions y sont rangées selon ces grandes fonctions, puis ventilées dans des catégories plus fines, comme la surveillance, la sécurité des données, la sensibilisation des collaborateurs ou la gestion de crise. Pour un responsable sécurité au travail, cela permet de rattacher chaque brique technologique à un besoin très concret : sécuriser un site industriel, protéger la télémaintenance, renforcer la formation des salariés face au phishing ou garantir la reprise rapide d’activité après incident.
Pensé comme un outil collaboratif, le Cyber Panorama repose sur une interface interactive permettant aux éditeurs de mettre à jour leurs informations en temps réel. Les données restent ainsi pertinentes, fiables et en phase avec l’évolution rapide du marché. Cette approche dynamique offre aux entreprises une base de référence commune, indispensable pour structurer une stratégie de souveraineté numérique alignée avec leurs enjeux de sécurité au travail.
Vers un renouveau numérique au service des salariés
La première édition du Cyber Panorama réunit déjà plus de trois cents acteurs français de la cybersécurité, et cette base est appelée à s’élargir. Les solutions de Cloud de Confiance et de Digital Workplace, essentielles pour protéger les données et sécuriser les environnements de travail hybrides, doivent être intégrées dans les prochaines mises à jour, tout comme une catégorie dédiée à l’hébergement des données. À terme, l’ambition est également d’ouvrir la cartographie aux solutions européennes partageant les mêmes exigences de souveraineté et de résilience.
Derrière cette démarche, il ne s’agit pas seulement de cocher une case de conformité réglementaire. En facilitant le recours à des solutions souveraines, les organisations réduisent leur exposition aux risques juridiques et géopolitiques, mais elles renforcent aussi leur capacité de réaction face aux crises et protègent davantage leurs salariés. Les estimations avancent qu’une réorientation d’une part limitée des achats numériques européens vers des acteurs locaux pourrait générer plusieurs centaines de milliards d’euros de commandes et des centaines de milliers d’emplois. Autant de moyens supplémentaires pour investir dans la prévention des risques, moderniser les outils de travail et construire un numérique réellement au service de la santé et de la sécurité au travail.
Consultez le Baromètre de la souveraineté numérique.
Auteur : Inforisque.