Pourquoi le permis au feu est non négociable
Le permis au feu est un document de prévention à remplir avant toute opération générant flamme, chaleur ou étincelles. Pensé comme un filet de sécurité, il formalise les vérifications à effectuer avant, pendant et après l’intervention d’un prestataire. Concrètement, il réunit consignes spécifiques au site, mesures de protection, points de contrôle et signatures croisées de l’entreprise utilisatrice et de l’entreprise extérieure. Ce cadrage n’est pas une formalité administrative : il conditionne la maîtrise du risque d’incendie/explosion, la protection des personnes, la continuité d’activité et, en cas d’incident, la capacité à démontrer la diligence de l’employeur.
Dans une logique de management HSE, le permis au feu s’insère dans la chaîne de prévention : évaluation des risques, consignes, formation, habilitations, consignations, surveillance et retour d’expérience. Il améliore la traçabilité des décisions, responsabilise les intervenants et réduit l’aléa opérationnel lié aux environnements changeants (ateliers, chantiers, zones temporaires).
Travaux concernés : ce qui déclenche l’obligation
Dès qu’un point chaud est envisagé, le permis au feu s’impose. Les cas les plus fréquents incluent :
- Le soudage (arc, MIG/MAG, TIG, chalumeau gaz) et le brasage.
- Le coupage et l’oxycoupage de pièces métalliques.
- Le meulage, le ponçage ou le polissage générant des projections incandescentes.
- Le découpage de métal ou de structures composites.
- Le dégivrage par flamme ou les opérations de chauffage localisé.
La règle pratique est simple : si l’opération peut produire étincelles, chaleur importante ou flamme nue, le permis au feu devient incontournable. Cette exigence s’applique à vos équipes comme à vos sous-traitants, permanents ou occasionnels, et quel que soit le lieu (atelier, toiture, zone technique, extérieur).
Cadre réglementaire : qui doit faire quoi
Le socle réglementaire repose notamment sur l’arrêté du 19 mars 1993 relatif aux interventions d’entreprises extérieures et sur les obligations générales du Code du travail concernant la santé et la sécurité (prévention, évaluation, formation, consignes). Dans certains environnements, des exigences supplémentaires existent, par exemple pour les ERP (Établissements Recevant du Public) ou les installations classées (ICPE), avec des dispositifs renforcés de maîtrise du risque incendie/explosion.
Deux catégories d’acteurs partagent la responsabilité :
- L’entreprise utilisatrice (maître d’ouvrage/responsable d’établissement) : émet le permis, définit les zones d’intervention, prescrit les protections (bâchage, écrans, inertage, nettoyage), précise la surveillance et conserve la traçabilité.
- L’entreprise extérieure (prestataire) : applique les consignes, vérifie les conditions, signe l’autorisation, réalise le travail en sécurité et participe aux contrôles.
Le défaut de permis ou un permis mal exécuté peut engager les responsabilités civile et pénale. Outre les dommages humains et matériels, l’entreprise s’expose à des arrêts d’exploitation, des pertes d’image et des sanctions administratives. La robustesse du processus et la preuve de sa mise en œuvre sont donc essentielles.
Passer au numérique : un levier de prévention
Le format papier se perd, se remplit mal et se contrôle difficilement. La digitalisation transforme le permis au feu en outil opérationnel, accessible et mesurable. Elle apporte :
- Guidage pas à pas pour éviter les oublis critiques (ventilation, dégraissage, contrôle d’atmosphère, dégagement des combustibles).
- Vérifications conditionnelles selon la zone, la nature du travail et les matériaux.
- Signatures électroniques des parties prenantes et horodatage de chaque étape.
- Traçabilité centralisée pour audits, indicateurs HSE et retours d’expérience.
- Alertes et rappels pour la surveillance pendant l’intervention et la veille post-travaux.
Pour une mise en place rapide et sûre, adoptez une démarche structurée :
- Cartographier les zones et typologies de points chauds ; définir les incompatibilités (atmosphères explosives, locaux à risques).
- Paramétrer des modèles de permis par scénario (toiture, ateliers, espaces confinés) avec champs obligatoires et contrôles conditionnels.
- Former équipes et sous-traitants : qui émet, qui valide, qui surveille, comment clôturer le permis et conserver la preuve.
- Équiper le terrain (tablettes/smartphones) pour réaliser le permis au plus près de l’intervention et joindre des photos de la zone.
- Mesurer via des KPI : taux de permis conformes, écarts critiques, temps de veille post-travaux, incidents évités.
La dimension clé reste la surveillance. La digitalisation facilite l’organisation (rondes, check de fin de poste, preuve horodatée) et la réactivité en cas d’écart. Loin d’être une contrainte supplémentaire, le permis au feu numérique fluidifie la coordination entre HSE, maintenance, production et prestataires, tout en renforçant la culture sécurité.
Auteur : Inforisque.